Les technologies numériques et audiovisuelles, et les industries de services qui se développent avec elles, sont à présent elles aussi confrontées à ce que l’on pourrait appeler le syndrome de l’hyper-sollicitation de l’attention par les nouveaux médias, ce qui amène les sciences cognitives à s’engager aujourd’hui dans des programmes de recherche en cognition de l’attention. Et sur ce registre, la micro-économie fait dès lors de l’attention son nouvel objet – abandonnant progressivement le modèle de la micro-économie de l’information, qui, comme science de la gestion appliquée au marketing, avait menée à une surabondance informationnelle, telle qu’il en résulte à présent que la ressource rare et cruciale n’est plus l’information mais l’attention des individus. Les consommateurs et les autres agents économiques disposent d’un temps réduit et de capacités limitées pour traiter et analyser des flux d’information sans cesse croissants. Les individus étant détenteurs d’une quantité d’attention limitée, ils peuvent l’allouer à différents usages en fonction de l’utilité qu’ils en retirent. Les firmes ne sont donc pas seulement exposées à une situation de fournisseur d’informations, fussent-elles correctes, mais aussi à une situation de capteur d’attention. Comment l’économie de l’attention s’est-elle constituée ? Quel est son avenir ? Et surtout quels sont ses objectifs poursuivis : s’agit-il au bout du compte de protéger nos consciences de la surcharge informationnelle ou de maximiser les profits, c’est-à-dire l’exploitation des cerveaux, en tenant compte d’une nouvelle donne : l’attention comme rareté ?