18 et 19 décembre 2024
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Le 12 mai 2023 en visite à Dunkerque, ville du Nord érigée par l’Élysée en symbole de sa politique de réindustrialisation tournée vers la transition écologique, Emmanuel Macron a confirmé l’implantation d’une usine de batteries du taïwanais Prologium (3000 emplois, investissement de 5,2 milliards d’euros) ainsi que la construction prochaine d’une usine de batteries électriques au lithium (1700 emplois, investissement de 1,5 milliard d’euros) fruit d’un partenariat entre le français Orano et la société chinoise XTC. Selon le vice-président de ProLogium1, ces projets de « gigafactorys » constituent un « véritable écosystème pour les batteries dans le nord de la France ».
A quelle « écologie » cet « écosystème » fait-il référence ? S’il procède bien d’une « planification écologique » s’appuie-t-il sur des dynamiques territoriales durables ou répond-il d’abord à un contexte géopolitique national et international ? Ne faut-il pas renoncer à la notion d’écosystème quand celle-ci n’a plus aucun des caractères anti-entropiques et historiques que l’on trouve dans le vivant ?
Dans le cadre de nos entretiens, pour mieux comprendre les enjeux et les tensions et proposer de nouvelles approches industrielles, nous partons de la richesse et de la diversité des « localités » qui produisent de nouveaux savoirs. Est-ce que les fablabs, les usines distribuées, les circuits courts, l’économie circulaire, les projets low-tech et les coopératives numériques peuvent contribuer à une dynamique d’innovation ascendante qui crée une « nouvelle écologie industrielle » ?
Mercredi 18 décembre :
09h30-12h30 - Session 1 : Transition ou bifurcation ? Regards croisés sur l’histoire et les politiques industrielles
Transition ou bifurcation ? Écosystèmes ou milieux ? Planification centralisée ou innovation ascendante ? Modèles physiques ou modèles biologiques ? Quels regards pouvons-nous porter sur l’histoire de l’industrie et des politiques industrielles et sur leurs fondements épistémologiques et sémiotiques pour dégager une nouvelle critique et une nouvelle fabrique de l’industrie ?
14h00 : 16h30 - Session 2 : Production et reproduction : l’industrie et le vivant
Si l’industrie produit, le vivant se reproduit, mais cette différence n’est-elle pas mise à mal alors que l’agriculture est devenue industrielle et que se pose la question d’une écologie de l’industrie ? Qu’est-ce donc que produire de l’artisanat à l’industrie, et, en biologie, de l’autopoïse à la reproduction ? Plus encore, ne devons-nous pas repenser la question de la production alors que nos productions mettent à mal le vivant, y compris nous-mêmes ? Session en prolongation des recherches menées au sein du projet Regeneraction.
16h30 : 19h00 - Session 3 : Nouvelles Localités industrielles et production distribuée
Il s’agira dans cette session de donner à voir des exemples concrets de ces nouvelles localités industrielles parfois anciennes ou parfois totalement reconfigurées par le nouveau milieu technologique ou numérique. Quelles leçons peuvent se dégager de ces singularités ?
Jeudi 19 décembre :
10h00 : 13h00 - Session 4 : Eco-technologie, techno-esthétique et communautés alternatives
Pour Gilbert Simondon, l’individu (et par extension l’objet technique) qui optimise le « rendement » de son rapport à son milieu fonde une « techno-esthétique » à tel point que nous devrions pouvoir distinguer, dans le monde industriel, les systèmes monstrueux ou infidèles à leur milieu, des systèmes optimisés dans leur concrétisation, c’est-à-dire aussi proches des systèmes biologiques. Comment cette approche que l’on peut qualifier d’« éco-technologique » peut-elle modifier nos démarches d’ingénierie et de design mais aussi les pratiques esthétiques elles-mêmes ? Comment les communautés alternatives et notamment dans le champ de l’écologie peuvent ainsi se réapproprier un discours sur l’industrie ?
14h30 : 17h00 - Session 5 : Écologie et économie de l’industrie : la question de l’investissement
Même si les deux notions gagnent à être distinguées, industrie et économie vont de pair. Cette session s’interroge sur les nouvelles écologies/organologies des territoires et leur impact sur les dynamiques économiques durables. Elle tente aussi d’éclairer comment une écologie de l’industrie implique une nouvelle écologie de la monnaie.
17h00 : 18h30 - Session 6 : Gestion des données, communs numériques et rôle des standards dans la nouvelle écologie du numérique
Comment le numérique, souvent pointé du doigt pour son impact environnemental à l’heure du fort développement des IA génératives, peut-il dessiner de nouveaux écosystèmes à même de mieux se réapproprier son « contexte » local et global ? Comment les standards ouverts et notamment le logiciel libre peuvent-ils constituer des espaces de capacitation, d’autonomie, d’invention et d’industrie ?
18h30 : 19h15 - Table Ronde
Restitution des travaux de l’Association Epokhè sur le thème de l’IA et de l’industrie.
Avec la participation de X-Alternatives et Qarnot Computing