Paris. Centre Pompidou. Grande Salle.
5 et 6 décembre 2014
http://enmi-conf.org
Depuis 1993, avec le world wide web qui a rendu accessible à tous ce que Clarisse Herrenschimdt a appelé l’écriture réticulaire, l’université est entrée dans un nouvel âge. L’avènement de la technologie numérique constitue une nouvelle épistémè affectant la nature même des savoirs sous toutes leurs formes. Ce fait majeur, massif, et à bien des égards stupéfiant, requiert le développement de digital studies – d’études digitales. De nouvelles conditions de publication, de confrontation, de certification et d’éditorialisation des savoirs se mettent en place. Elles correspondent aux nouvelles règles et méthodes heuristiques, herméneutiques, didactiques et pédagogiques qui tout à la fois en surgissent et s’en emparent, formant l’épistémè du XXIè siècle selon un processus dynamique qui doit pousser les institutions académiques, l’industrie et le monde économique à coopérer pour en produire une vision à long terme au-delà du story telling dont le marché est devenu l’agent permanent.
FinalitésLe but de ce colloque est à la fois de faire une sorte de panorama des grandes questions épistémologiques qui se posent dans le contexte de ce que nous avons cru pouvoir appeler l’épistémè numérique, et de recommander des évolutions à la puissance publique et à l’institution académique dans son ensemble qui soient pleinement inscrites dans une perspective privilégiant fondamentalement le développement et la transmission des savoirs – et non seulement de la modernisation de la pédagogie ou du développement de compétences nouvelles, ce qui est par ailleurs indispensable.
Vendredi 5 décembre – matinée
Session 1 : L’ère numérique des savoirs et des non-savoirs
L’écriture numérique réticulaire affecte toutes les formes de savoir : vivre, faire, concevoir. Elle réactive ainsi la question du statut de l’inscription, de la trace et de la discrétisation comme conditions de possibilité des savoirs qui fondent les enseignements supérieurs (c’est-à-dire constitués par l’expérience apodictique inaugurée par la géométrie). C’est pourquoi la numérisation du champ académique requiert une requalification des cadres épistémologiques – ce qui constitue le programme des études digitales dont les lignes directrices furent ébauchées au cours de l’édition 2012 des ENMI.
9h30 : Bernard Stiegler (IRI, UTC, Conseil National du Numérique)
Traces, rétentions, raisons : organologie et pharmacologie des études digitales
10h15 : David Bates (Université de Californie, Berkeley)
Automatisation et théorie de la faille
11h00 : Jean Lassègue (EHESS)
Turing, l’écriture et l’informatique
11h45 : Guiseppe Longo (ENS Ulm)
La machine à états discrets, sa logique, sa physique: du dualisme informationnel à un nouveau monisme sans matière
12h30 : Discussion
13h00 : Déjeuner
Vendredi 5 décembre – après-midi
Session 2 : Phénoménotechniques des sciences de la nature et de l’esprit
Dans sa pensée de l’esprit scientifique, Gaston Bachelard introduisit la question du statut de l’écriture solidairement avec celle de la technicité des phénomènes scientifiques. Ecritures scientifiques et phénoménotechniques constituent les dimensions primordiales de ce que Michel Foucault appellera plus tard les « régimes de vérité », et qu’il appréhendera lui-même à partir de la question de l’archive comme régime de matérialité. En astrophysique comme en biologie, en philosophie du droit comme en sociologie, l’organologie scientifique numérique nécessite plus que jamais l’étude « phénoménotechnique » des « régimes de vérité » et de « matérialité » contemporains.
14h30 : Antoinette Rouvroy (FNRS Namur)
La gouvernementalité algorithmique comme régime de vérité
15h15 : Dominique Cardon (Orange, Université de Marne la Vallée)
Sciences sociales et données
16h00 : Pause
16h15 : Vincent Minier (CEA) et Vincent Bontems (CEA)
Le cycle de l’image de l’astrophysique : l’objet-image et la culture numérique
17h00 : Cédric Matthews (CNRS)
L’innovation permanente dans la biophotonique
17h45 : Discussion
18h45 : Fin de la première journée
Samedi 6 décembre – matinée
Session 3 : Conceptions instrumentales transdisciplinaires
Ce qui constituait autrefois le domaine supposé mineur des « sciences auxiliaires » (bibliothéconomie, documentation, archivistique, publication) devient l’élément transdisciplinaire et architectural des formes de savoir, et la condition de leur coopération. La mémoire, ses grandes allégories, ses strates et ses écrans se reconfigurent avec la numérisation.
Ces instruments communs qui conditionnent peut-être la possibilité d’un open access véritable peuvent-ils engendrer de nouveaux champs transdisciplinaires ? Comment les concevoir, les spécifier et les développer ?
09h30 : Hidetaka Ishida (Université Todaï, Tokyo)
Ipad, wunderblock, hybrid reading
10h15 : Gerald Moore (Univertsité de Durham, UK)
Humanités et « tournant computationnel » de la société hyperindustrielle
11h00 : Denis Peschanski (CNRS, Paris 1 Sorbonne)
Memory studies et digital studies
11h45 : Franck Cormerais (Université de Bordeaux 3 Michel de Montaigne)
Mémoire numérique et transdisciplinarité
12h30 : Discussion
13h00 : Déjeuner
Samedi 6 décembre – après-midi
Session 4 : Chercher, enseigner, éduquer dans l’anthropocène digitalisé
Les nouveaux instruments des savoirs sont – et à l’avenir seront plus encore – ceux de la controverse scientifique tout autant que de la guerre économique, de l’éducation et de la souveraineté politique et administrative. Les soubresauts provoqués au cours de la dernière décennie sous l’effet web collaboratif dans l’économie éditoriale scientifique aussi bien que dans l’organisation des institutions d’enseignement supérieur et de recherche nécessitent une reconsidération très approfondie des modèles organisationnels, des rythmes et des territoires de la recherche aussi bien que des modalités de l’enseignement, des rapports entre les niveaux académiques et des relations entre institutions du savoir et société.
14h30 : Warren Sacks (Université de Californie, Santa Cruz)
Code and critical theory
15h15 : Hélène Mialet (Université de Californie, Berkeley)
Anthropologie du numérique
16h00 : Francis Jutand (Institut Mines Télécom)
La ville laboratoire
16h45 : Claude Kirchner (INRIA)
Open access et politiques industrielles
17h30 : Valérie Peugeot (Conseil National du Numérique, Orange), Daniel Kaplan (Conseil National du Numérique, FING)
Littératie du numérique et enseignement
18h15 : Discussion générale
18h45 : Bernard Stiegler
Conclusions